Synopsis 🎞
À Gotham City, Arthur Fleck, un homme aux prises avec des troubles de maladie mentale est constamment mis à l’écart et maltraité par la société. Lorsque son rêve de devenir comédien et son univers s’écroulent, il embarque sur une série de crimes qui provoque une révolution dans les rues de la ville. Cette voie le mène vers la réalisation de son alter ego: “The Joker”.
Joker est de loin le film ayant le plus soulevé les passions en 2019, avec raison. Il s’agit d’une œuvre viscérale et troublante—certainement le film “mainstream” le plus sombre et cynique depuis très longtemps.
Et je dis ça de la manière la plus positive qui soit.
Certains médias ont condamné ce film proclamant qu’il glorifie les actes de violence et incite à la perturbation sociale. Comme quoi nous ne sommes plus capables de nous regarder dans le miroir et de nous laisser brasser pendant 120 minutes, histoire de se poser des questions sur l’état de notre monde.
Trop cynique diront certains. Sure. Mais mettez-vous dans la peau d’un homme sévèrement troublé psychologiquement, abusé toute sa vie, oublié par son gouvernement et rejeté par la société en général. Après tout, ça sert à ça le cinéma: se mettre dans la peau de l’autre, voir le monde selon un point de vue différent.
Est-ce trop cynique d’imaginer le pire dans un scénario comme celui-là?
Un aspect qui a toujours rendu Batman si fascinant en tant que héros est qu’il n’est pas un “super héros”. Il ne possède aucun pouvoir, sauf celui de vouloir faire le bien après avoir vécu un événement tragique causé par le crime abondant de sa ville. C’est pareil pour le portrait du Joker dans ce film.
Les “vilains” dans le vrai monde ne sont pas créés en tombant dans des produits chimiques ou en se faisant électrocuter dans un laboratoire. Les “vilains” dans le vrai monde sont créés par l’injustice, l’abus et la détresse psychologique. C’est exactement ce à quoi Joker nous expose.
Pourquoi vouloir “canceller” ce film, alors qu’il pose une question que l’on devrait débattre, tous ensemble: “Que fait-on aujourd’hui, en tant que société, pour créer le Joker?”
Fou de penser que ce film vient de l’esprit qui nous a offert la trilogie The Hangover, mais force est d’admettre qu’il a fait un travail incroyable. Le Gotham qu’il a créé est profondément lugubre et sale (effet augmenté par le choix des couleurs, costumes, etc.), mais probablement la représentation la plus réaliste que l’on a vue à l’écran.
Si Christopher Nolan avait été le premier (au cinéma) à nous offrir un regard plus sombre et terre-à-terre de l'univers des comics, Todd Phillips tourne la switch encore bien plus loin.
Quelques choix dans la structure de l’histoire sont aussi vraiment intéressants, avec des changements de perspectives qui permet à nous, l’audience, de bien comprendre le détachement avec la réalité d’Arthur Fleck.
Je ne peux finir cet article sans parler du réel génie à l’œuvre: Joaquin Phoenix. Ce n’est plus une surprise de le voir livrer une grande performance, mais ici, il élève carrément le film à un autre niveau. On va parler de sa transformation physique et sa perte de poids, évidemment, mais c'est vraiment plus que ça. Il est tout simplement hypnotisant. Ses mimiques, ses mouvements, sa manière de parler, tout évolue subtilement plus son personnage s’engouffre dans la folie meurtrière.
Donnez l’Oscar à cet homme tout de suite.
Bref, voyez Joker. Voyez-le et faites-vous votre propre idée. Vous allez peut-être tripper, vous allez peut-être détester, mais dans tous les cas, je ne crois pas qu’il vous laissera indifférent, et il inspirera certainement des discussions. Des discussions importantes.