Ah, les classiques!

Pour les gens de ma génération, il y a une catégorie de films attachée à une époque bien révolue.

Ceux-ci nous ramènent de manière nostalgique des souvenirs de visites d’après-midi pluvieuse au club vidéo, de cassettes mal rembobinées et du canal 3.

Il y a évidemment de cette ère (du milieu des années 80 jusqu’au tout début des années 2000) des chefs-d’œuvre connus de tous: Pulp Fiction, Fight Club, The Shawshank Redemption, The Sixth Sense, Forrest Gump, GoodFellas et tellement d’autres.

Par contre, dans la même lignée que mon premier article mettant en vedette des films plus modernes, je veux ici parler de coups de cœur personnels qui devraient se retrouver sur votre “Watchlist”.

Je sais que ça prend parfois un petit coup de pied au cul supplémentaire avant de débuter un film qui a plus de vingt ans d’existence. Ils n’ont évidemment pas tous bien vieilli, mais ceux-là ne vous feront pas perdre votre temps.

Allez, enjoy! 🍿🎬

True Romance (1993)

Réalisateur: Tony Scott

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Sypnosis 🎬

À Détroit, un amateur de culture populaire solitaire (Christian Slater) marie une call girl (Patricia Arquette), vole de la cocaïne de son pimp et tente de la vendre à Hollywood. Pendant ce temps, la mafia propriétaire de la drogue les pourchasse.

Je pense qu’un seul nom sera en mesure de vous convaincre de visionner ce premier choix: Quentin Tarantino. Avant de révolutionner l’univers du cinéma avec ses deux premières réalisations Reservoir Dogs et Pulp Fiction, le cinéaste a d’abord fait quelques vagues en écrivant True Romance.

Saviez-vous que le terme “Tarantinoesque” avait été ajouté au Oxford English Dictionary en 2018? Eh bien, même si Quentin n’est pas à la barre en tant que réalisateur, ce film demeure tout à fait tarantinoesque.

Le plus près qu’il a été de la comédie romantique dans l’entièreté de sa carrière, tout en gardant tous les éléments qui distinguent son catalogue — humour, violence et dialogues mémorables.

Ah! Et ce cast: Christian Slater, Patricia Arquette, Christopher Walken, Dennis Hopper, Gary Oldman, Brad Pitt, Val Kilmer, James Gandolfini, Samuel L. Jackson…

Un de mes “all-time favorites” je dois avouer!

“You just said you love me, now if I say I love you and just throw caution to the wind and let the chips fall where they may and you’re lying to me I’m gonna fuckin’ die.”

Almost Famous (2000)

Réalisateur: Cameron Crowe

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Synopsis 🎬

Un étudiant du secondaire a la chance d’écrire un reportage pour Rolling Stones sur un jeune groupe rock qu’il suit en tournée.

Je pense qu’on a tous déjà eu le fantasme de se retrouver dans un groupe de rock en tournée à travers les États-Unis. Particulièrement dans les années 70. Almost Famous est ce fantasme mis à l’écran.

Pour le réalisateur Cameron Crowe, ce film agit autant à titre d’autobiographie que d’hommage à sa grande passion qu’est la musique. Ce qui le rend aussi intéressant et original est de voir l’univers déjanté du rock à travers les yeux d’un jeune adolescent innocent.

Plusieurs scènes mémorables en font un bijou à ne pas manquer. Fan de musique ou non.

Pour moi, la fameuse scène dans l’autobus de tournée ou le band chante “Tiny Dancer” demeure un moment cinématographique des plus magiques.

“That’s because we’re uncool. And while women will always be a problem for us, most of the great art in the world is about that very same problem. Good-looking people don’t have any spine. Their art never lasts. They get the girls, but we’re smarter.”

Gattaca (1997)

Réalisateur: Andrew Niccol

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Synopsis 🎬

Un homme génétiquement inférieur (Ethan Hawke) prend l’identité d’un supérieur (Jude Law) afin de réaliser son rêve de voyager dans l’espace.

Un film très rarement mentionné quand vient le temps de parler des classiques de science-fiction. Grave erreur. Même s’il a plus de vingt ans, les termes abordés sont probablement encore plus pertinents aujourd’hui qu’ils ne l’étaient au moment de sa sortie.

Avec les avancements scientifiques dans le domaine de la bioingénierie, l’humanité sera forcée très prochainement à se poser de sérieuses questions éthiques sur la direction à prendre. Si nous ne sommes pas prudents, cette science pourrait diviser les classes sociales bien plus que jamais auparavant.

C’est exactement la prémisse de Gattaca.

Au-delà des thèmes, ce film a bien mieux vieilli que certains de ses contemporains en raison d’effets visuels et de décors ne misant pas trop sur les technologies désuètes de l’époque.

Un excellent mélange de divertissement et de réflexion sur le futur de notre société.

“No, no. I got the better end of the deal. I only lent you my body. You lent me your dream.”

Donnie Darko (2001)

Réalisateur: Richard Kelly

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Synopsis 🎬

Un adolescent troublé (Jake Gyllenhaal) est pris avec des visions d’un homme dans un costume de lapin qui le manipule dans l’exécution d’une série de crimes après avoir évité un bizarre accident.

Une réalisation tellement unique dans son mélange des genres. Donnie Darko est à la fois comédie “coming-of-age”, science-fiction, thriller psychologique et drame familial. Et il réussit à tous les niveaux.

En toute honnêteté, ce film est extrêmement complexe et presque impossible à comprendre sans plusieurs écoutes ou l’aide d’analyses externes. Mais ça ne gâche en rien l’expérience. Même si on est complètement confus à la ligne d’arrivée, la ride demeure très agréable.

Jake Gyllenhaal est l’un des meilleurs acteurs de sa génération et il prouve ici qu’il a un talent naturel, dans son premier rôle principal à l’âge de seulement 21 ans.

Si vous finissez Donnie Darko avec 1 million de questions en tête, voici un petit quelque chose pour (peut-être) vous démêler.

“There are other things that need to be taken into account here, like the whole spectrum of human emotion. You can’t just lump everything into these two categories and then just deny everything else.”

Punch-Drunk Love (2002)

Réalisateur: Paul Thomas Anderson

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Synopsis 🎬

Un homme psychologiquement troublé (Adam Sandler) débute une romance avec une Anglaise (Emily Watson), tout en étant extorqué par une ligne téléphonique érotique gérée par un vendeur de matelas croche (Philip Seymour Hoffman) et en étant à la recherche d’une grande quantité de pudding.

Un réalisateur et un acteur aux antipodes. Les deux à des années-lumières des genres de films auxquels nous sommes habitués de les voir attachés. Et pourtant, un “match” parfait.

D’un côté le comédien Adam Sandler, reconnu pour ses innombrables navets (et quelques classiques), dans sa meilleure performance en carrière. Étrangement, le personnage s’inscrit un peu dans la lignée de ce qui a caractérisé sa filmographie. L’homme niais et maladroit avec des tendances colériques, mais ici joué avec tellement plus de nuances et de profondeur.

De l’autre, un réalisateur légendaire en Paul Thomas Anderson, l’homme derrière des chefs-d’œuvre tels que There Will Be Blood, The Master et Boogie Nights. Cette comédie romantique est certainement le mouton noir de sa filmographie, mais pas au niveau de la qualité. Loin de là.

Toujours rafraîchissant de voir des acteurs et des réalisateurs sortir de leur zone de confort pour offrir quelque chose de complètement différent et Punch-Drunk Love en est un exemple magistral.

“I don’t know if there is anything wrong because I don’t know how other people are.”

Eyes Wide Shut (1999)

Réalisateur: Stanley Kubrick

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Synopsis 🎬

Un médecin de New York (Tom Cruise), marié à une conservatrice d’art (Nicole Kidman), embarque dans une mystérieuse et dangereuse odyssée d’une nuit parsemée de découverte sexuelle et morale après que sa femme lui ait admis l’avoir presque trompé.

Eyes Wide Shut est le dernier film de Stanley Kubrick avant sa mort et ce simple fait devrait vous inciter à le voir au plus vite.

Non seulement son dernier, mais possiblement son plus sous-estimé. Selon moi, il doit être placé sur le même piédestal que ses autres classiques comme The Shining, A Orange Clockwork ou 2001: A Space Odyssey. Avec une histoire plus personnelle à son centre, mais avec la même vision épique faisant la marque des films de Kubrick.

L’intrigue est lente et subtile, mais ô combien efficace à nous garder en haleine du début à la fin. On en voudrait encore plus quand vient le générique final. L’entière séquence du bal masqué est un véritable délice de suspense. Les visuels, la musique, l’ambiance; marquant.

Grandes performances de la part de Tom Cruise et Nicole Kidman qui, fun fact, formaient un réel couple au moment du tournage.

“No dream is ever just a dream.”

Raising Arizona (1987)

Réalisateur: Joel & Ethan Coen

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Synopsis 🎬

Quand un couple sans enfant composé d’un ex-détenu (Nicolas Cage) et d’une ex-policière (Holly Hunter) décide de kidnapper les quintuplés d’une autre famille, leur vie devient plus compliquée que prévu.

Tarantino, PT Anderson, Kubrick; cette liste ne manque pas de génies du cinéma, mais je ne peux pas parler de cette époque sans mentionner les frères Coen. Blood Simple, Miller’s Crossing, Barton Fink, Fargo, The Big Lebowski et O Brother, Where Art Thou auraient tous pu se retrouver sur cette liste. Mais pour de la pure folie 100% Coen, je conseille fortement Raising Arizona.

Voici une réelle “oddball” comédie où tous les personnages sont définis comme des crétins qui prennent des décisions stupides. Ce genre d’univers mis entre les mains de cinéastes intelligents, ça donne quelque chose de réellement drôle et divertissant. Le premier d’une lignée d’hilarantes comédies par le duo fraternel.

Nicolas Cage est à la hauteur de l’excentricité qu’on lui connait. Capable du meilleur comme du pire, il est ici dans une paire de soulier que personne n’aurait pu mieux remplir que lui.

Les frères Coen prennent généralement le temps d’insérer de subtils éléments dans leurs œuvres insinuant un sens plus profond, je vous laisse essayer de faire du sens de celui-ci.

“H.I., you’re young and you got your health, what you want with a job?”

Do The Right Thing (1989)

Réalisateur: Spike Lee

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Synopsis 🎬

Pendant la journée la plus chaude de l’été, dans les rues de Brooklyn, la haine et le racisme s’accumulent jusqu’à l’explosion de violence.

Un film qui, aujourd’hui en 2018, résonne toujours autant de pertinence qu’il y a trente ans. Spike Lee nous a habitués à des films percutants sur les tensions raciales aux États-Unis tout au long de sa carrière. Il a d’ailleurs récidivé en 2018 avec le très bon BlackKklansman, mais jamais au même niveau d’intensité que son plus grand film, Do The Right Thing.

Ce qui distingue ce long-métrage des autres drames du genre est sa trame narrative nuancée et mature. Les personnages semblent vrais. Aucun n’est définit comme purement raciste, agissant par simple malveillance. Sauf que, tout au long de l’histoire, les préjugés de chacun bâtissent tranquillement un mur de haine et une explosion de violence imminente.

Le choix d’établir cette trame dans la journée la plus chaude de l’été est génial. Ces circonstances ajoutent un inconfort accentuant la tension du début jusqu’à la fin de ce grand film.

Plusieurs cinéphiles jugent qu’il aurait dû être le récipiendaire du meilleur film aux Oscars en 1990 (il n’était même pas en nomination), à la place du plus oubliable Driving Miss Daisy.

Je suis tout à fait d’accord.

“Let me tell you the story of Right Hand, Left Hand. It’s a tale of good and evil. Hate: it was with this hand that Cain iced his brother. Love: these five fingers, they go straight to the soul of man. The right hand: the hand of love.”

Lock, Stock and Two Smoking Barrels (1998)

Réalisateur: Guy Ritchie

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Synopsis 🎬

Une partie de cartes sabotée à Londres déclenche une série d’événements inattendus entre quatre amis, des gangsters, des vendeurs de drogues et des prêteurs sur gages.

Si vous avez commencé à suivre la carrière de Guy Ritchie dans les dix dernières années, probablement que vous ne l’associer pas à un réalisateur visionnaire (quoique ses Sherlock Holmes soient des efforts respectables). Toutefois, à l’aube des années 2000, il était le roi du film de crime anglais.

Son style de montage effréné et ses personnages colorés ont fait de Snatch et Lock, Stock and Two Smoking Barrels des incontournables. Pratiquement des compagnons spirituels par leurs ressemblances stylistiques. Le second est peut être le plus méconnu, sans toutefois être moins bon.

Teintés de personnalité et d’humour ces films sont vraiment des expériences uniques en leur genre. Peut-être serez-vous obligé d’activer les sous-titres, mais, personnellement, les forts accents anglais sonnent comme de la musique à mes oreilles.

Ah, et c’était quand même cool de voir Jason Statham réellement acter à l’époque.

“A minute ago this was the safest job in the world. Now it’s turning into a bad day in Bosnia.”

“Before” Trilogy (1995, 2004, 2013)

Réalisateur: Richard Linklater

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Synopsis 🎬

Before Sunrise, Before Sunset et Before Midnight racontent en trois épisodes la relation entre Jesse (Ethan Hawke) et Céline (Julie Delpy) à trois stades différents de leur vie.

Richard Linklater est l’un des réalisateurs les plus intéressants dans le monde du cinéma. Malheureusement, il est aussi l’un des plus sous-estimés.

Il est l’homme derrière l’expérience Boyhood, un film suivant la vie d’un jeune garçon tourné sur plus de douze ans. Impressionnant, oui, mais pas la première fois que Linklater propose un projet de cette ampleur. Before Sunrise, Before Sunset et Before Midnight composent une trilogie qui a pris dix-huit ans à voir le jour.

Au centre de ces trois films, l’histoire de deux personnages et de l’évolution de leur relation dans trois épisodes bien précis de leur vie. Un garçon et une fille marchant dans de magnifiques villes, parlant de la vie, tombant en amour, et ce, à travers des hauts et des bas. C’est tout ce dont il s’agit et c’est tout ce que ça a besoin d’être.

Certainement parmi les films romantiques les plus intelligents et les plus profonds jamais écrits.

C’est aussi la deuxième entrée sur cette liste mettant en vedette Ethan Hawke et ça me fait réaliser à quel point j’aime cet acteur.

“I don’t know, I think that if I could just accept the fact that my life is supposed to be difficult. You know, that’s what to be expected, then I might not get so pissed-off about it and I’ll just be glad when something nice happens.”

This Is Spinal Tap (1984)

Réalisateur: Rob Reiner

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Synopsis 🎬

Spinal Tap, l’un des plus grands groupes de rock d’Angleterre, est documenté par le cinéaste Marty DiBergi (Rob Reiner) pendant une tournée qui s’avère fatidique.

Dans ma première liste j’ai parlé du “mockumentary” What We Do in the Shadows. Eh bien, si vous êtes un fan du genre, vous ne pouvez passer à côté de This is Spinal Tap.

Rob Reiner agit à titre de documentariste suivant le band fictif Spinal Tap dans une tournée remplie de moments hilarants. En tant que parodie de l’excentricité du “glam rock” des années 80, tous les stéréotypes y sont : rockeurs stupides, personnalités plus grandes que nature et décadence.

Même si les mises en situation sont ridicules, c’est facile de penser qu’il s’agit d’un vrai documentaire. N’importe qui ayant grandi sur du Def Leppard, Bon Jovi, Guns N’ Roses et compagnie ne peut avoir qu’un immense plaisir en voyant cette caricature des bands de l’époque.

Certaines scènes sont devenues des classiques de la comédie.

“They’re two distinct types of visionaries, it’s like fire and ice, basically. I feel my role in the band is to be somewhere in the middle of that, kind of like lukewarm water.”

Y Tu Mamá También (2001)

Réalisateur: Alfonso Cuarón

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Synopsis 🎬

Au Mexique, deux jeunes hommes et une attrayante femme plus âgée embarquent sur un road trip et apprennent une chose ou deux à propos de la vie, l’amitié et le sexe.

Tout droit venu du Mexique, ce film est peut-être le meilleur film de road trip, point.

Cette prémisse d’un groupe de personnes qui prend la route permet en général une exploration en profondeur des relations humaines, et jamais elle n’a été mieux exécutée que dans Y Tu Mamá También.

Découvrir l’âge adulte en compagnie des deux jeunes hommes au centre de l’histoire est un pur délice, même dans les moments les plus “malaisants”. Et il y en a. Alors que ce genre de films aborde normalement l’éveil sexuel de manière humoristique, voir absurde, celui-ci le fait de manière très authentique — dans toute sa non-splendeur.

J’ai très hâte de voir Alfonso Cuarón retourner à ses racines avec un film plus intime en Roma, qui sera bientôt disponible sur Netflix. À surveiller!

Gael García Bernal et Diego Luna, depuis devenus des acteurs de renommée internationale, sont excellents et hilarants.

“- You have to make the clitoris your best friend.

- What kind of friend is always hiding?”

Bonus Documentaire: Searching For Sugar Man (2012)

Réalisateur: Malik Bendjelloul

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Synopsis 🎬

Deux Sud-Africains tentent de découvrir ce qu’est devenu leur héros musical, le mystérieux rockeur américain des années 70, Rodriguez.

Je tenais à inclure un documentaire à la liste encore une fois, alors je triche un peu par rapport au thème de l’article pour cette entrée.

Ça fit quand même avec deux films sur cette liste, alors que le rock n’roll est au centre de cette histoire fascinante. D’un côté de l’histoire, Rodriguez, un homme solitaire, anciennement chanteur folk n’ayant jamais connu de succès après l’enregistrement de deux albums.

De l’autre, un peuple sud-africain qui découvre ces albums par le fruit du hasard et pour qui Rodriguez devient une légende.

Vingt ans ont passé sans que ces deux réalités se rencontrent. Je ne veux pas en divulguer plus parce que ça vaut vraiment la peine d’y plonger sans trop en connaître.

Simplement pour l’introduction à la magnifique musique de Rodriguez, le documentaire en vaut le coup.

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Have fun!